France, ma patrie (2)

« Discours à ses officiers », extrait de la préface.

« Notre Patrie à nous, c’est nos villages, nos autels, nos tombeaux, tout ce que nos pères ont aimé avant nous. Notre Patrie, c’est notre Foi, notre Terre, notre Roi.

Mais leur Patrie à eux, qu’est-ce que c’est ? Vous le comprenez, vous ? Ils veulent détruire les coutumes, l’ordre, la tradition. Alors, qu’est-ce que cette Patrie narguante du passé, sans fidélité, sans amour ? Cette Patrie de billebaude et d’irréligion ?

Pour eux, la Patrie semble n’être qu’une idée, pour nous, elle est une terre. Ils l’ont dans le cerveau ; nous, nous l’avons sous les pieds, c’est plus solide !

Et il est vieux comme le diab’ leur monde qu’ils disent nouveau et qu’ils veulent fonder dans l’absence de Dieu… On nous dit que nous sommes les suppôts des vieilles superstitions… Faut rire ! Mais en face de ces démons qui renaissent de siècle en siècle, sommes une jeunesse, Messieurs ! Sommes la jeunesse de Dieu. La jeunesse de fidélité !

Et cette jeunesse veut préserver pour elle et pour ces fils, la créance humaine, la liberté de l’homme intérieur. »

Michel de Saint-PierreMonsieur de Charette, Chevalier du Roi (Éd. Table Ronde, Paris, p. 13) – 1977

(merci à Emmanuel, livre commandé)

Devise de la réaction

« Il serait vain de se détourner du passé pour ne penser qu’à l’avenir. C’est une illusion dangereuse de croire qu’il n’y ait même là une possibilité.

L’opposition entre l’avenir et le passé est absurde.

L’avenir ne nous porte rien, ne nous donne rien; c’est nous qui pour le construire devons tout lui donner, lui donner notre vie elle-même.

Mais pour donner, il faut posséder, et nous ne possédons d’autre vie, d’autre sève, que les trésors hérités du passé et digérés, assimilés, recréés par nous.

De tous les besoins de l’âme humaine, il n’y en a pas de plus vital que le passé. »

Simone Weil L’enracinement (Éd. Gallimard, NRF Paris) – 1949

Horticulture cordicole

« La traditon et l’avenir. – Laudator temporis acti ? Que m’importe donc le passé en tant que passé ? Ne voyez-vous pas que lorsque je pleure sur la rupture d’une tradition, c’est surtout à l’avenir que je pense ? Quand je vois se pourrir une racine, j’ai pitié des fleurs qui demain sécheront , faute de sève. »

Gustave ThibonNotre regard qui manque à la lumière (Éd. Fayard) – 1970