J’adore mes promenades dans les alentours de mon village. Les deux parcours principaux que j’emprunte en compagnie de ma femme et de mon fils (il est rare que mes deux filles se joignent à nos balades bucoliques…) sont des chemins pastoraux parfois utilisés par les bergers locaux et leurs troupeaux, ou des chemins forestiers empruntés par les bûcherons et conseillers techniques de l’Office National des Forêts.
Selon l’humeur du jour, nous les rallongeons par des détours imprévus mais toujours plaisants. En revanche, le déroulé est d’une monotonie savoureusement addictive, provoquant un enjouement systématique ; le début du trajet passe par une progression pédestre assez ardue, d’un dénivelé important sollicitant activement nos quadriceps et tout type de muscles locomoteurs, puis un passage obligé dans une zone forestière, milieu fermé à la fraîcheur tellement appréciable. Enfin, nous achevons notre périple par une descente vers le village et notre foyer où nous attend une brioche faite maison par les bons soins de ma femme (ou de mon aînée lorsqu’elle est motivée…) qui anticipe toujours nos accès de voracité après l’effort. Confinement oblige, la durée du parcours était forcément limitée à une heure mais depuis hier, nous n’augmentons pas plus le temps de nos escapades.
Ces échappées salutaires sont un véritable ravissement familial mais je suis obligé d’avouer qu’au moment de nos régulières ascensions, je ne peux m’empêcher d’être envahi par mes idées fixes habituelles (le grand remplacement, le mépris et la morgue des idiots qui ont malgré tout des postes à responsabilités et de pouvoir absolu, la docilité et l’abrutissement généralisé du peuple de France, la multitude des traîtres à la nation qui collaborent avec ce système car ils en tirent un profit à court terme,…). En effet, les montées assez ardues au début de parcours m’astreignaient à garder un rythme de pas régulier et de faible amplitude, rythmique propice au martèlement des pensées. Respectant ainsi scrupuleusement « la loi des pas égaux » de Paul Valéry dans Idée fixe (Éd. Gallimard, coll. nrf, 1943, p. 16) qui « se plie à tous les délires, porte également nos démons et nos dieux« , je ne pouvais m’empêcher de ruminer ma colère malgré la beauté du paysage et le bonheur sous-jacent d’être en compagnie de ceux qui me sont le plus cher.
Lorsque nous arrivons dans la partie couverte du parcours, au milieu des arbres et que nous nous enfonçons dans la forêt, une subite sensation d’apaisement se propage en moi à la vitesse d’une traînée de poudre qui s’embraserait au contact furtif d’une flamme au bout d’une allumette bienfaitrice.
Ce sentiment de calme, cette sérénité qui m’est étrangère en temps normal, est une délicieuse impression salvatrice pour mon esprit, sans cesse préoccupé par les malheurs du monde occidental. Sorte d’antidote au venin de cet « insecte qui entretenait dans la chair de mon esprit une brûlure indivisible de mon existence » (Ibid, p. 17).
En fin de parcours, nous sortons de la zone forestière et en redescendant sur le chemin longeant des champs où broutent ça et là quelques vaches Aubrac et un beau taureau de la même race, au pelage clair-obscur allant du beige et ocre au brun très foncé. Sa silhouette massive est impressionnante, et son air renfrogné renforce l’image de réel dominant qui se dégage de ce bovin mâle. Nous ne nous attardons pas et nous arrivons au niveau d’une petite crête avec un point de vue sur notre splendide village.
Je n’ai pas eu besoin du confinement pour avoir pleinement conscience de la chance que nous avons de vivre dans cet environnement reposant, sur ce magnifique territoire qui me prend aux tripes. En revanche, ces déconfinements temporaires m’ont mis encore plus en évidence cette nécessité impérieuse d’un retour à la nature, loin de la technologie, des machines et des hommes.
C’est très bucolique. Le retour à la nature nous a tous apparu comme une solution sinon possible du moins souhaitable . Néanmoins je crains bien que ─ je répète une phrase lue sur internet ─ « demain soit comme avant mais en pire ».
Disons qu’en ce qui me concerne, je n’ai connu que des grandes villes dans ma jeunesse (Montpellier et Montréal au Canada) et que ma rencontre avec celle qui devenue ma femme m’a permis de quitter cet façon de vivre pour revenir à des choses plus authentiques, à l’ancienne dans un village typique. C’est une énorme chance !!! L’appel de la forêt de Jack London fut, enfant, une révélation !
Demain sera pire ?… cela peut-il être possible tant nous sommes tombés bien bas… je fais mon possible pour ne pas être trop pris dans la chute !
c’est vrai que le taureau ne donne pas vraiment envie d’aller lui faire gouzi-gouzi !
Je suis un mauvais citoyen (mais un bon Français et j’en****e tout le gouvernement dans son ensemble et une bonne part des hauts fonctionnaires par la même occasion) car j’ai rejoint clandestinement mon Berry d’adoption depuis la capitale il y a deux semaines tout pile.
Je n’étais pas trop mal loti à Paris mais il est clair que je revis ici à la campagne. Rien que de couper du bois au soleil dans le jardin est un baume sur mon âme un tantinet enragée en ce moment (CF mon incise après « mauvais citoyen » pour extrapoler qui pourrait bien me mettre en rogne…)
Non, vous avez raison !! Surtout que les Aubrac restent sauvage tout de même et ont parfois des sautes d’humeur vraiment imprévisibles !
Vous avez bien fait de revenir chez vous, sur vos terres natales, mais je vous avouerai que nous voyons chez nous d’un mauvais oeil les parigots qui sont venus se confiner ici dans leur résidence secondaire, qui ne sont pas d’ici je précise (à l’inverse de vous), et qui sont passés outre le risque de nous ramener leur merde !!!
Quant à ce gouvernement, je suis avec vous à 200% !!!!
Le confinement ne m’a pas dérangé et le déconfinement pas réjoui. Mon jardin était déjà en fleurs (et en légumes), il l’est toujours. Juste un peu différent.
Le confinement ne m’a pas dérangé dans le sens où j’aime bien rester chez moi pour lire ou bricoler mais ce qui m’a plus contrarié, c’est l’obligation d’un ausweis pour aller ce balader, la limitation d’1h pour aller marcher alors qu’il n’y a aucun risque si l’on part pour 2h, le comportement de cowboys de certaines bleusailles qui nous contrôlaient,…
Le déconfinement n’a rien changé pour moi en termes de travail puisque je ne me suis pas arrêté ayant été affecté aux prélèvements Covid aux urgences…
Pareil, c’est plus l’obligation de s’auto-autoriser , ce côté Big Brother qui m’a dérangé que le confinement lui-même. Je ne me suis pas ennuyé un,e seconde.
C’est ça ! +1
Rien de tel que de marcher sous les arbres et sur autre chose que du bitume, en croisant les petits oiseaux et le taureau patibulaire (mais presque). Ça ne fait pas oublier le reste mais ça rassérène!
Amitiés.
Vous avez bien raison ! Rien ne vaut ses balades en famille ou juste en couple ;-)…
Merci de votre passage !
Amitiés