« Des mirages de l’internationalisme socialiste à l’incontournable réalité des cultures : tel est l’itinéraire spirituel revendiqué par Régis Debray.
Aux temps héroïques de la guérilla, il participait à la grande insurrection des peuples asservis contre les maîtres du monde.
L’heure des brasiers est passée : sans rien renier de sa jeunesse révolutionnaire, l’ancien compagnon de route de Che Guevara constate aujourd’hui que l’homme a des racines, une généalogie, une mémoire ethnique, bref qu’il ne se définit pas seulement par ses intérêts et par ses espérances.
Avant de s’engager volontairement dans un combat (ou dans une carrière), il est embarqué, bon gré mal gré, dans un destin collectif; avant d’être inculte ou cultivé, bourgeois ou prolétaire, il est culturel : immergé, corps et âme, dans l’immanence de sa communauté. »
Alain Finkielkraut – La défaite de la pensée (Éd. Gallimard, nrf, Paris, p. 115 et 116) – 1987