Affaire de frusques

En me baladant comme souvent sur le blog Salon Beige animé par les fervents Michel Janva et Lahire, le nom de ce dernier exprimant phonétiqement l’état dans le quel je me trouve face au monde des modernoeuds,  je suis tombé sur un extrait de l’émission ONPC du militant homosexualiste Ruquier (émission que je ne regarde plus, comme l’a décidé cette très chère Carine ayant évoqué la même chose ici, depuis le départ de Zemmour !).

Cet extrait présente une réponse de l’immense Michel Galabru (à une question que j’ignore, mais là n’est pas l’important) à propos des codes vestimentaires qui disparaissent et qui ont pourtant une grande utilité !

(Michel Galabru défend la messe en latin – ONPC Ruquier 24-02-2013)

Et ce que dit M. Galabru, au fond, est d’une grande pertinence. Les symboles sont fondamentaux dans une société humaine, quels qu’ils soient (symbole du paternel, symbole de la famille unie, symbole de l’autorité, symbole de la détention du savoir,…).

Malheureusement, il n’a pas parlé de la blouse de l’instituteu du professeur des écoles (égalitarisme jusque dans les termes du corps enseignant…) ou du professeur de lycée….Habit prof avant après

Cela m’a rappelé une de mes démarches qui a eu lieu au moment d’une profonde remise en question de mes croyances idéologiques, remise en question aboutissant à mon passage du côté obscur de la force. Je me suis interrogé, entre autres, sur ma façon de me présenter face aux élèves apprenants et sur le port de l’uniforme pour les élèves. Nous étions a priori nombreux à vouloir mettre le holà (ici) ! original.17468.demi

Le sujet ne m’avait jamais vraiment interpellé car les profonds soucis éducatifs des générations montantes n’étaient pas encore si flagrants. Etant enseignant dans un lycée rural, nos jeunes étaient à peu près épargnés des situations familiales disloquées (familles en plein divorce, familles recomposées, familles monoparentales), de la mauvaise éducation, du manque de respect de l’adulte, … et du relativisme vestimentaire.

Mais à force, entre la quincaillerie faciale (percings et autres joyeusetés)coiffure-louffoque-373776064, les pantalons sous les fesses, les espadrilles en classe quand vient l’été ou les maillots à manches courtes taille 1 fluorescents et divulguant le nombril, je me suis demandé s’il y avait un rapport entre cela et leurs manques d’attention, de concentration et d’investissement dans leur scolarité.

Bon, je sais, pour la photo de la jeune adolescente équilibrée, bien dans sa peau et élégante, j’exagère mais certains spécimens que l’on peut croiser en milieu éducatif urbain n’en sont pas loin !!!

En tous les cas, la réponse à mon questionnement apparu comme une évidence !

D’abord, les jeunes veulent être considérés (donc qu’ils commencent à se regarder un peu le nombril d’abord, bon sang de bois !), c’est sûr, mais il existe aussi un profond désir caché de considérer l’enseignant à la hauteur de son statut, autant qu’ ils sont demandeurs de limites qu’ils ne trouvent malheureusement que trop rarement chez eux.

Mais comment avoir de la déférence envers quelqu’un qui s’habille comme vous, en « djeuns » ou qui parle de façon familière ??!!… Habit prof femme avant après

Les élèves ont besoin de repères et de limites mais surtout que ces derniers soient visibles au sens propre : les vêtements sont un premier élément, le charisme un second, et il y en a bien d’autres (repère audible comme le langage soutenu ou le vouvoiement). Ainsi, me suis-je mis à ressortir des anciens costumes de l’armoire, vestiges d’un passage dans une entreprise privée.

Depuis, le regard des élèves mais aussi des parents, et de tous mes interlocuteurs, a changé même si je n’ai jamais eu réellement de problèmes particuliers en classe de part ma présence physique à la base. Malgré tout, il s’agit d’un plus indéniable et il faut bien que quelqu’un essaie de donner une impulsion…

Ensuite, concernant l’uniforme pour les jeunes, outre le fait d’un souhait  d’égalité entre les différentes couches sociales, égalité dont je me moque éperdument (il y aura toujours celui qui aura un uniforme provenant de chez un tailleur reconnu et celui qui l’achètera bon marché), afin d’éviter la focalisation des uns et des autres sur les marques (sentiment d’infériorité de l’élève portant des vêtements de marques quelconques de grande surface par rapport à celui qui aura du Puma, Nike, Reebook, Adidas,…remarquons en passant que nous assistons de plus en plus à une généralisation du « streetwear » : sorte d’uniforme informe qui ne dit pas son nom !!). Je ne parle même pas des couvre-chefs (casquettes et autres bonnets ridicules) conservés sur la tête à l’intérieur de l’établissement, des doudounes ou des écharpes multicolores aux effigies des clubs de Marseille ou Saint-Etienne qu’il faut faire enlever en début de cours en expliquant les usages basiques d’attitude qui devraient être acquises par l’éducation parentale.
The-Charlatans-by-iamisigo-6 Je disais donc, outre le fait de tendre vers un nivellement des différences sociales en classe par le port de l’uniforme, il est évident qu’en bannissant tous les attraits et les symboles du monde moderne superficiel et creux, les élèves ne peuvent que se recentrer sur la mission première d’un établissement scolaire : l’enseignement !

Ainsi, plus besoin de perdre son temps à savoir quelle est la tenue du jour, à se maquiller pour ressembler à une adulte et brûler des étapes fondamentales dans la construction de sa personnalité.

L’originalité des individus ne doit pas se traduire par un affichage vestimentaire intempestif mais elle doit s’exprimer dans les réalisations pédagogiques des élèves, tant au niveau des écrits qu’au niveau artistique ou sportif.

Il est certain que l’exemple doit venir d’en haut, des professeurs (même s’ils sont  très brillants et excellents pédagogues, le laisser-aller ne doit pas être de mise, le fond doit être cohérent avec la forme) mais aussi de tous les représentants d’une autorité qu’elle soit politique (tenues vestimentaires et pratiques langagières à revoir), religieuse ou parentale.
Progrès habit prof

Il est évident aussi qu’il ne s’agit pas de l’unique solution aux problèmes de l’éducation des enfants de France mais c’est un des leviers à utiliser pour espérer un changement en profondeur du niveau des usagers des institutions pédagogiques.

9 réflexions sur “Affaire de frusques

  1. D’accord à 300 000% avec ce billet. Et encore, 300 000 me semble trop restrictif !
    C’est incroyable de constater à quel point ils portent l’uniforme, tout en refusant celui que nous aimerions leur voir sur le dos. Mais c’est l’uniforme imposé par les marques.
    Tous les mêmes jeans, les mêmes survètes, les mêmes casquettes, les mêmes baskets, tout cela au nom de leur « individualisme » et de leur liberté…
    Essayez donc de leur expliquer ça et vous m’en direz des nouvelles !
    J’ai essayé, en pure perte.
    Merci pour ce très beau billet.

    1. Il m’est compliqué d’arriver à faire autant de billets qu’il y a d’actualités qui m’énervent !!… mais bon, je fais tout pour m’appliquer quand j’ai décidé d’en traiter un. J’avoue que vos billets comme ceux de Dixie, de Koltchak ou de « l’ADN ne ment pas » sont de bien bels exemples.
      Il est drôle, mais en même temps logique,de constater que de nombreux sujets qui m’interpellent fortement sont, dans l’heure qui suit, traités chez vous ou chez d’autres de la réacosphère comme par exemple le sujet des « stéréotypes à combattre » brillamment développé par Dixie ou l’annonce du décès de la vieillerie gauchiste Hessel chez Skandal. Ce qui m’enrage, c’est le manque de temps ou le manque de rapidité comme vous le dites en début de « Hiver gelé… » : avoir le talent des brèves qu’ont certains ! mais cela viendra sûrement avec l’expérience…
      Sans flagornerie aucune, celui intitulé « galerie des horreurs et nécessaire thérapie » était franchement bien ! Dommage que je ne puisse avoir plus de temps pour écrire aussi tous les commentaires que je voudrais laisser de ci, de là.
      Bien à vous.

      1. « Il m’est compliqué d’arriver à faire autant de billets qu’il y a d’actualités qui m’énervent !!… mais bon, je fais tout pour m’appliquer quand j’ai décidé d’en traiter un »
        Même chose pour moi !
        Il y a trop de trucs à traiter…
        J’aime bien vos billets en général !
        Mais j’ai beaucoup aimé ce billet, le contenu et le contenant. Merci !

  2. J’essaie aussi de faire mes propres montages photos, histoire que ce soit un peu plus original (et en secret, rentrer dans le cercle très fermé des Koltchak et consorts affiché sur le fameux « mur de la réacosphère » !! 😉 )

  3. Tout cela n’est que du bon sens… Je crois que c’est ce qui nous manque le plus, d’ailleurs.
    Dans un établissement, une directrice propose des sac de jute gris avec deux trous pour les bras pour toute porteuse de string apparent… un effet très dissuasif.

  4. c’est d’un grand bon sens ce texte, et j’adhère complètement .Je suis ravie de retrouver l’idole de mes quatorze ans ..Monsieur Louis Leprince Ringuet qui animait une émission de télévision le dimanche et qui expliquait si bien que l’on se sentait intelligent à l’entendre .
    amitiés

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s