La beauté nul hasard

« La beauté d’une race ou d’une famille aussi, sa grâce et sa qualité dans toutes ses manières de se comporter, s’acquiert à force de travail : elle est, comme le génie, le produit final du travail accumulé des générations.

Il faut avoir fait de grands sacrifices au bon goût, il faut avoir fait bien des choses, s’être abstenu de faire bien des choses par amour pour lui – le dix-septième siècle français est admirable à ces deux égards -, il faut en avoir fait un principe de choix quant à la société, au lieu, au vêtement, à la satisfaction sexuelle, il faut avoir préféré la beauté à l’avantage, à l’habitude, à l’opinion, à la paresse.

Ligne de conduite suprême : il ne faut jamais se laisser « aller » même à ses propres yeux. »

Friedrich Wilhelm NietzscheLe crépuscule des idoles (Éd. Flammarion, col. GF, Paris, p. 212) – 1888 [2005]

Dissolution linguistique

Pour une fois que dans un périodique du camp du bien, je trouve un article plutôt correctcouvVM294_web qui reste simplement dans le constat malheureux d’une transformation, bientôt irrémédiable, de notre patrie française, à de nombreux niveaux tant linguistique que social et culturel.

Quelle ne fut pas ma surprise ! Je peux vous dire que j’ai été saisi !

Dans le dernier numéro de Valeurs mutualistes n°294 de Janvier/Février 2015, le magazine des adhérents MGEN (hé oui, ma femme est professeur des écoles…) et des lieux de commodités où il est consulté lorsqu’il n’y a rien d’autres à lire, je suis tombé par hasard sur un article concernant l’usage de notre si belle langue : le français. Je le précise pour ceux qui auraient des doutes…

Entre les sempiternelles campagnes de propagande du multiculturalisme et du vivre-ensemble (ce dernier n’étant pas forcément une mauvaise idée mais tout dépend avec qui !…), j’ai découvert ce titre « Du français, à tort… et à travers« , accompagné d’une courte mais alléchante introduction : « Anglicismes, pléonasmes,apocopes… maltraitée au quotidien et dans les médias, la langue française reflète notre rapport à la règle. Et notre conception du monde. ».

Comment une revue aussi représentative de la bien-pensance gauchiste, à l’image de ce détestable « je suis Charlie » et à son évidente adhésion obligatoire sous-entendue,  puisse aborder un thème aussi réactionnaire que l’identité linguistique, et au travers de cet immonde sujet, l’identité nationale qu’il sous-tend ??!!…

Assisterions-nous à une alarmante et désastreuse lepénisation de la rédaction de Valeurs mutualistes face à laquelle un front républicain devient une nécessité absolue ???….

montage dissolutionFinalement, et plus sérieusement, là aussi, faut-il y voir un signe d’une certaine prise de conscience du milieu bobo-gaucho quant à la dérive, très accentuée ces dernières années mais effective depuis la fin de la seconde guerre mondiale, vers un abandon total de ce qui fait France, ses frontières, ses traditions et surtout sa langue ?…

Une soumission linguistique avant la grande dissolution dans un monde globalisé anglophone…

Toujours est-il que la brève mais pertinente analyse de cette revue, faite quant à un emploi à tord et à travers de notre outil de communication oral, nous indique :

« Mot de l’année 2013, selon l’Oxford English Dictionnary : « selfie ». Dérivé de l’anglais « self » (signifiant « soi »), il désigne un autoportrait, seul ou accompagné, réalisé à l’aide d’un téléphone mobile ou d’une tablette. Entré l’an dernier dans les dictionnaires, ce terme très à la mode illustre notre recours croissant aux anglicismes.

« En matière de lexicographie, le français a toujours vécu d’emprunts, explique Bruno Dewaele, professeur agrégé de lettres modernes. Le problème est que ceux-ci proviennent exclusivement de l’anglais. » Pour ce champion du monde d’orthographe, nous employons par snobisme des mots dont nous n’avons pas besoin. Mots parfois considérés à tort… comme anglais : « par exemple, le mot « challenge », français à l’origine, est désormais prononcé à l’anglaise. » Si certains anglicisme, liés à des inventions anglo-saxonnes (scanner, bulldozer…) comblent des lacunes, nombres d’emprunts signent, un appauvrissement de la langue.

Selon Jean Maillet, grammairien et lexicographe, « ils viennent remplacer des mots français plus précis. Pourquoi employer « booster » à la place de stimuler, dynamiser ou revivifier ? » Une suprématie tenant peut-être au fait que l’anglais sied davantage à notre quotidien car plus concret que le français, pour sa part, davantage adapté à l’expression des idées philosophiques, des concepts et des sentiments…

Apocopes : point trop n’en faut ! Infos, actes, déco… jamais les mots n’ont également été autant raccourcis. « Cette tendance à retrancher des phonèmes à la fin des mots est le signe d’une paresse linguistique, s’indigne Jean Maillet. On se contente d’utiliser le préfixe qui, en lui-même, n’a pas de sens. » Une évolution potentiellement dommageable, d’après lui, dès l’instant où elle aboutit à une possible confusion : « Quand on parle d’un micro, fait-on allusion à un ordinateur, un microphone, un microscope…? » Tout comme l’élimination de la négation « ne » à l’oral ou l’omniprésence du présent de narration dans les écrits, cette simplification de notre outil de communication à tout va pourrait « compromettre la compréhension », estime Bruno Dewaele. ».

Je rajouterai que l’abandon des liaisons entre les mots, sorte le petit livre des liaisons de prolongement oral à l’abandon des liens entre les composantes d’un peuple, est aussi révélateur de cette simplification, de cette paresse et ce manque de discipline généralisé de la société française.

Même les tenants d’un certain savoir passent outre les négations et les liaisons, qu’ils soient journalistes ou politiques : l’exemplarité n’a plus court…

Par extension, ne plus faire l’effort de respecter des règles linguistiques évoluées, bien qu’héritées du passé (donc rétrogrades dans l’esprit tordu des progressistes), est devenue une habitude dont le prolongement se constate aussi dans le non respect des règles de bienséance, de courtoisie élémentaire, de la même manière que l’on méprise ses engagements faits lors du mariage ou ceux pris dans le club de sport fréquenté (assiduité des licenciés dans un club de sport collectif),… ou tout simplement comme dans l’abandon de l’importance donnée à la parole donnée : la décadence de Cordicopolis.