Despotisme éclairé

« La seule solution du problème politique et social serait le despotisme des sages et des nobles, d’une aristocratie pure et vraie, obtenue au moyen de la génération par l’union des hommes aux sentiments les plus généreux avec les femmes les plus intelligentes et les plus fines.

Cette proposition est mon utopie et ma république de Platon »

Arthur SchopenhauerDouleurs du monde, Pensées et fragments (Petite Bibliothèque Rivages, p. 200 et 201) – 1990 [1880, Éd. Félix Alcan]

Singularité cordicole

« L’homme n’a qu’un désir absolu, conserver son existence, s’affranchir de toute douleur, même de toute privation; ce qu’il veut, c’est la plus grande somme possible de bien-être, c’est la possession de toutes les jouissances qu’il est capable d’imaginer, et qu’il s’ingénie à varier et à développer sans cesse. Tout obstacle qui se dresse entre son égoïsme et ses convoitises excite son humeur, sa colère, sa haine : c’est un ennemi qu’il faut écraser. »

Arthur SchopenhauerDouleurs du monde (Pensées et fragments, Petite Bibliothèque Rivages, p. 158 et 159) – 1990 [1885]

Hanoho et Platon

montage Platon Aristote

(Platon à droite et Aristote à gauche, peinture École d’Athènes de Raphaël – 1509)

La lecture des textes antiques, en plus de vous procurer les mêmes curieuses sensations de profondes familiarités que celles ressenties en présence de vieilles photos poussiéreuses, légèrement jaunies, de vos ascendants sorties par hasard d’une ancestrale boite à chaussureunic_chaussures_p..._650x650-15229e8 (image sans rapport avec le billet mais je l’aime bien, voilà !), vous fait prendre conscience à la fois des fantastiques capacités de prémonition de leurs auteurs quant aux époques modernoeuds (Goux copyright) et des incroyables bonds en arrière que nous réalisons quant à la Morale qu’ils avaient mise en place, fruit de réflexions séculaires.

J’avais déjà publié au mois de décembre dernier une citation de Sénèque qui est, pour moi, une référence morale et qui représente idéalement cette période philosophique en quête de vertu.

Mais c’est en flânant du côté de chez Hanoho que m’est venu l’envie de faire un peu de réclame pour ces auteurs de l’Antiquité et de laisser tomber temporairement « Douleurs du monde » de Schopenhauer pour jeter un oeil sur le « Politique » de Platon qu’il nous conseille vivement, ainsi que « Éthique de Nicomaque » d’Aristote.

Hanoho nous explique que « dans cette ambiance délétère, il est toujours intéressant de se souvenir de ce que pensaient les philosophes antiques, et quel était le consensus au sein des civilisations passées car, comme le dit l’adage, pour comprendre le présent et le futur, il faut apprendre le passé. Voici donc quelques citations qui proviennent du Politique de Platon et qui, étrangement, résonnent en moi comme un rappel de ce que j’ai pu lire dans certains livres interdits. »

Le reste est à découvrir ici.

Au détour d’un commentaire lié à son billet, j’ai aussi été interpellé sur une des explications, parmi beaucoup d’autres, des moyens mis en oeuvre pour que notre civilisation se suicide à petit feu : l’abandon progressif de l’apprentissage des langues dites mortes, langues fondatrices de notre civilisation.

« Je mets ici un extrait de « Greece & Rome » publié aux Cambridge University Press et traduit par mes soins:

« Les années 1950 représentent la dernière décennie complète du XXe siècle dans le lequel l’enseignement du latin dans les écoles secondaires a été dominée par les exigences universitaires. En 1960, les universités d’Oxford et de Cambridge ont cesser de réclamer un certificat de niveau élémentaire en Latin comme qualification d’entrée pour les étudiants de premier cycle. Cela eut des conséquences profondes et de grande portée pour l’enseignement du latin et des œuvres classiques dans les écoles. »

Sachant que le latin fut la langue européenne par essence du monde érudit et aussi celle de l’église catholique, la guerre qui fut menée contre cette langue et les oeuvres classiques par une certaine oligarchie internationaliste et anti-chrétienté donne un tableau d’ensemble plutôt cohérent. »

Mise en lumière intéressante.

Pour finir, je vous laisse avec cette citation tellement d’actualité tirée de l’oeuvre de Platon : « le gouvernement de la multitude [démocratie] est débile en tout et sans grande puissance non plus, ni pour le bien, ni pour le mal, si on le compare aux autres, parce que dans ce gouvernement l’autorité est émietté entre un grand nombre d’individu. »

« La tolérance que l’on remarque et que l’on loue souvent chez les grands hommes n’est toujours que le résultat du plus grand mépris pour les autres hommes : un grand esprit tout à fait pénétré de ce mépris cesse de considérer les hommes comme ses semblables, et d’exiger d’eux ce que l’on exige de ses semblables. Il est aussi tolérant à leur égard qu’à l’égard des animaux… »

Arthur Schopenhauer – Douleurs du monde (Pensées et fragments, Petite Bibliothèque Rivages) – 1990 [1885]