Exécrable révolution française !

« Il n’y a plus de Vendée, écrivait le général Westermann à la Convention en novembre 1793, après sa victoire de Savenay. Elle est morte sous notre sabre avec ses femmes et ses enfants.

Je viens de l’enterrer dans les marais et les bois de Savenay. J’ai écrasé les enfants sous les pieds de nos chevaux, massacré les femmes qui, au moins celle-là, n’enfanterons plus de brigands.

Je n’ai pas un prisonnier à me reprocher. J’ai tout exterminé…

Nous ne faisons pas de prisonniers, car il faudrait leur donner le pain de la liberté, et la pitié n’est pas révolutionnaire. »

Quelques mois plus tard, Westermann devait être exécuté avec les dantonistes, flétris du nom d’Indulgents. »

Guy DebordPanégyrique (Éd. Gallimard, nrf, Tome premier, p. 73 et 74) – 1993 [2005]

3 réflexions sur “Exécrable révolution française !

  1. La Révolution Française a accouché d’un régime tyrannique, dont les fruits ont été la Terreur et les massacres de Vendée. « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté » c’est le principe même de la tyrannie, qui n’admet aucune contradiction intellectuelle ni active, dans la mesure où elle se pose comme la vérité et le bien, comme la justice.
    Il reste à remarquer que cette tyrannie est elle-même au plus proche de réaliser les idées des Lumières, et en particulier de Rousseau, qui déjà au nom de la volonté générale, autorisait « le peuple » (ce qui concrètement revient à dire « l’Etat »), à se se montrer ferme avec la minorité, mais surtout, avec tout ceux qui s’opposeraient à la « religion civile », soit aux grands principes qui justifient la vie politique et morale (en communauté politique) telle quelle est/doit être. Soit au fond, sa propre philosophie en tant qu’elle est proprement politique. Au reste, le grand libéral Locke en avait fait de même : les catholiques sont dogmatiques, or le dogmatisme ne supporte pas « le droit d’opinion », donc il faut interdire le catholicisme. Ce point est intéressant, car il montre, non pas comme on le croit trop vite, qu’une liberté totale est une contradiction, car précisément, ces paradoxes surviennent dans des philosophies qui pensent la liberté comme une « force » essentiellement infinie, et n’y reviennent pas, sauf à penser concrètement, tout à coup. C’est ainsi que cela ne démontre qu’une chose : que concrètement parlant (et seulement là) une liberté totale est impossible (plutôt que « contradictoire »). Il montre surtout qu’une communauté politique, pour échapper au jugements négatifs qui découlent nécessairement de ces contradictions observables et observées devrait se passer de relever des doctrines « libertaires » en question (ce qui ne signifie pas qu’elle ne serait pas libre, ni que ses hommes ne le seraient pas, bien au contraire peut-être).

    Vous connaissez, je pense, ce texte d’un discours de Charette (dont je ne sais pas si s’il est authentique ou non, ni qu’elle est sa source), mais je le cite tout de même, sait-on jamais :

    « Notre Patrie à nous, c’est nos villages, nos autels, nos tombeaux, tout ce que nos pères ont aimé avant nous. Notre Patrie c’est notre foi, notre terre, notre roi. Mais leur Patrie à eux, qu’est ce que c’est ? Vous les comprenez vous ? Ils veulent détruire les coutumes, l’ordre, la tradition. Alors qu’est ce que c’est que cette Patrie narguant son passé, sans fidélité, sans amour ? Cette patrie de billebaude et d’irréligion.
    Pour eux la Patrie ne semble être qu’une idée ; pour nous elle est une terre.Ils l’ont dans le cerveau ; nous, nous l’avons sous les pieds, c’est plus solide ! Et il est vieux comme le diable leur monde qu’ils disent nouveau et qu’ils veulent fonder en absence de Dieu… Vieux comme le diable !
    On dit que nous sommes les suppôts de vielles superstitions… faut rire ! Mais en face de ces démons qui renaissent de siècle en siècle, sommes une jeunesse messieurs ! Sommes la jeunesse de Dieu ! La jeunesse de la fidélité ! Et cette jeunesse veut préserver pour elle-même et pour ces fils la créance humaine, la liberté de l’homme intérieur. »

    1. « une liberté totale est impossible »…j’avais écrit chez vous que, à mon sens, la liberté n’existe pas. Vous me le confirmez en soulignant les paradoxes des défenseurs de cette notion.

      Pour François Charrette, vous me faites découvrir une bien belle prose qui m’était inconnue et que je vais mettre de côté afin de l’éditer dans un prochain billet de citation. Merci !

      1. Je ne pense pas moi que la liberté humaine n’existe pas. Ses paradoxes n’en font pas un non sens. Ce qui n’existe certainement pas en revanche c’est une liberté idéelle ou idéale, illimitée, ou totale. Elle n’est pas une contradiction, elle est un postulat, un postulat qui débouchera sur de profonds paradoxes quand se postulat ira se confronter au réel. Mais précisément, cela nous incite à penser la liberté à partir de ce que nous en voyons, plutôt que d’une définition de la liberté. La liberté concrète elle: se voit. Sauf à supposer qu’elle ait une cause efficiente secrète (Dieu ou la nature chez Spinoza) qui justifierait l’idée que en fait, en définitive, nous ne sommes pas libres. Mais là aussi, les paradoxes vous guettent !
        J’en ferais un billet un de ces quatre, pour l’instant je me suis attelé aux questions de philosophie morale.

        Amitiés

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