« Quand les prétextes de l’invasion de l’Irak se sont effondrés – aucune arme de destruction massive, aucun lien entre Al-Quaïda et l’Irak, aucun rapport entre l’Irak et le 11 septembre -, les rédacteurs des discours de Bush ont dû trouver du nouveau.
C’est lors qu’ils ont inventé sa vision messianique – apporter la démocratie au Moyen-Orient.
Quand Bush a prononcé le discours où il annonçait sa nouvelle vision, le principal commentateur du Washington Post, David Ignatius, rédacteur et correspondant respecté, a bien failli tomber à la renverse d’admiration sacrée. Il a définie la guerre d’Irak comme « la plus idéaliste des temps modernes – une guerre dont la seule justification cohérente, malgré tout le battage fallacieux sur les armes de destruction massive et les terroristes d’Al-Quaïda, est d’avoir abattu un tyran et créé la possibilité d’un avenir démocratique ».
Cette vision d’un « avenir démocratique » est impulsée, selon Ignatius, par l' »idéaliste en chef », Paul Wolfowitz, qui de tous les membres de l’administration, a probablement le passé le plus extrémiste de haine passionnée de la démocratie. Mais ça ne compte pas.
La preuve : Ignatius accompagnait Wolfowitz quand il est allé dans la ville de Hilla parler aux irakiens d’Alexis de Tocqueville.
Il se trouve que c’est aussi à Hilla qu’a eu lieu le premier grand massacre d’irakiens par les américains pendant l’invasion, mais laissons cela aussi. »
Noam Chomsky – La doctrine des bonnes intentions, entretiens avec David Barsamian (Éd. Fayard, p.128 et 129) – 2006