« On peut penser que les temps modernes sont des temps heureux. C’est l’opinion de certaines personnes. Elles trouvent que nous ne manquons de rien, que nous sommes libres, que nous avons ce qu’on peut avoir de justice et de paix. C’est un point de vue. Dans ce cas, il faut considérer comme circonstances fâcheuses les déconvenues et les sujets d’inquiétudes que nous apporte le présent.
C’est ce qu’elles font sereinement, à la manière de ces mères qui, ne surveillant ni l’hygiène ni les jeux de leurs enfants, parlent ensuite de leur « malchance » quand il y’a des maladies et des jambes cassée.
[…] Mais la médecine politique est plus difficile à pratiquer que l’autre. Pour demander leur secret aux temps modernes, on ne doit pas compter sur le secours du malade. Il faut au contraire débrouiller ses mensonges et reconnaître son véritable état malgré les illusions qu’il cherche à répandre.
L’euphorie des temps modernes, en France et dans les autres démocraties, cache une malhonnêteté fondamentale qui est la cause de notre décadence.
Les régimes que nous appelons démocratiques sont une comédie au même titre que les démocraties populaires. La volonté nationale y est escamotée. Une caste de privilégiés s’y est emparée de la nation. Son pouvoir a pour condition la libre pénétration du pouvoir de l’étranger qui aboutit à notre division politique, à notre impuissance, à notre domestication.
Finalement, sous prétexte de liberté, nous n’en sommes plus maître de rien chez nous, ni de nos économies, ni de nos territoires, ni de notre destin. Nous ne sommes plus rien dans nos nations.
Les temps modernes, c’est le temps de l’expropriation. »
Maurice Bardèche – Les temps modernes (Éd. Les Sept couleurs, p. 9 à 11) – 1956
Ce cher Bardèche était un visionnaire
Effectivement, j’apprécie beaucoup son efficacité, sa vision du réel : expropriation !!! Tout est dit !
J’ai découvert Bardèche sur le très tard et je regrette un peu de ne pas l’avoir fait plus tôt.