« Chaque mariage ne saurait donc être isolé de tous les autres mariages, passés ou futurs, qui ont eu, ou auront lieu au sein du groupe. Chacun est le terme d’un mouvement qui, aussitôt qu’il a atteint ce terme, doit renverser pour se dérouler dans un sens nouveau; que le mouvement s’arrête, et tout le système de réciprocité se trouvera ébranlé.
En même temps que le mariage est la condition pour que la réciprocité se réalise, il risque donc, à chaque coup, l’existence de la réciprocité : car que se passerait-il, si femme était reçue sans que filou soeur soit rendue ?
Il faut prendre ce risque, pourtant, si l’on veut que la société continue; pour sauvegarder la perpétuité sociale de l’alliance, on doit se compromettre avec les fatalités de la filiation, c’est-à-dire en somme, de l’infrastructure biologique de l’homme. »
Claude Lévi-Strauss – Les structures élémentaires de la parenté (Presses Universiataires de France, Paris, p. 606) – 1949