Pornification chez C.G.B.

Karin Schubert
Karin Schubert dans La Folie des Grandeurs (1971).

Le C.G.B., c’est comme une boîte de chocolats, comme dirait l’autre, on ne sait jamais sur quoi on va tomber… mais je rajouterai à cela que c’est souvent fameux quand même !

Comme il n’y a pas de petit onglet « reblog » automatique chez blogspot, il faut bricoler et faire du copié-collé… mais l’essentiel, c’est que vous alliez lire le billet chez eux.

Beboper a encore frappé ! Comme quoi, cogner peut avoir du bon ! Surtout sur cette magnifique période progressiste moderne…

« Il fut un temps où le cul, c’était l’avant-garde. On bousculait les traditions avec sa bite, on renversait les paradigmes sociaux en montrant sa chatte, on suçait pour changer le monde. Se faire enculer était le signe infaillible d’une grande conscience politique, d’un sens de l’engagement que les générations suivantes honoreraient. L’essor du porno fut ainsi la traduction industrielle du slogan politique si positivement connoté : faites l’amour, pas la guerre. En passant, le porno menait sa guerre à lui, contre les us et coutumes dits « traditionnels », contre les mœurs ordinaires, contre ce qu’on appelait la morale. D’activité éminemment privée, la sexualité devint donc chose publique ; d’acte gratuit, elle devint rentable. D’abord confinée à des cercles particuliers, la pornographie s’est imposée avec Internet. Elle ne tient peut-être pas encore sa place au sommet des valeurs, mais oriente et influence, dit-on, les pratiques, ce qui revient au même. De cette position d’avant-garde (très navrante, certes, mais historiquement exacte), la pornographie est arrivée à un statut d’objet de consommation massive, intégrée dans un ensemble de valeurs réduites à l’essentiel : ce qui rapporte. Là où il y a un profit, disait le sage, il y a un marché. La pornographie nimbe notre époque comme le rock investit les années 1960, personne ne pouvant vraiment y échapper. Tout un chacun est désormais parfaitement averti des charmes du hard fucking, des avantages comparés de l’éjac-faciale et du fisting, du goût inimitable du gang-bang. C’est aussi à ce genre d’avancées qu’on peut juger de l’intérêt de vivre dans une époque moderne.

pornificationComme toute industrie, la pornographie a besoin d’hommes, enfin, d’hommes au sens général, et en l’occurrence, elle a surtout besoin de cette catégorie d’hommes que sont les femmes. Elle fait tout son possible pour en promouvoir auprès du grand public les plus méritantes, les plus spectaculaires et les plus douées. Quelques noms ont ainsi franchi la barrière de l’anonymat où leur industrie frénétique les pousse, de Linda Lovelace à Katsumi, en passant par l’inénarrable Cicciolina. Il s’agit de singer ce que le cinéma normal inventa il y a un siècle avec le star système : faire rêver le populo en lui montrant la vie d’êtres supposés d’exception. L’industrie du porno a donc organisé depuis longtemps ces rites d’auto-célébration que sont les cérémonies inspirées des Oscar, elle propose des revues narrant la vie « ordinaire » des femmes qu’on présente pourtant comme « la plus grande salope depuis Agrippine », ou « la Marie Curie de la fellation »… Inventorier ces essais de starification serait probablement amusant mais laborieux, et sans grand intérêt. En revanche, suivre la trajectoire inverse d’une comédienne grand public devenue une vedette de l’écarte-cuisses, voilà qui fait tout l’intérêt de Pornification, le nouveau roman de Jean-Luc Marret« .

La suite est ici.

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