Une démocratie pour spectateurs

« Lippmann a payé sa position sur une théorie très détaillée de la démocratie progressiste.

Il a expliqué qu’on trouve diverses catégories de citoyens dans une société démocratique qui fonctionne bien. Au premier plan se trouvent ceux qui doivent participer activement à la gestion des affaires d’intérêt général. Ils appartiennent à la classe des spécialistes, ceux qui analysent, administrent, et décident et dirigent sur les plans politique, économique et idéologique.

Cette classe représente un très faible pourcentage d cela population. De toute évidence, les promoteurs de ces idées font toujours partie de cette élite et parlent de ce qu’il faut faire de ces autres qui en sont exclus, c’est-à-dire, de tous ceux qui forment l’immense majorité d cela population et que Lippmann nommait le « troupeau dérouté ». La tâche consiste à se protéger contre « les piétinements et les rugissements du troupeau dérouté ».

Désormais, il y a deux « fonctions » en démocratie : d’abord celle des spécialistes, ces hommes qui dirigent le pays, c’est-à-dire à qui revient le rôle de penser et de planifier, ceux qui comprennent ce qu’est le bien commun; ensuite la fonction dévolue à ceux qui font partie du troupeau dérouté. Leur rôle en démocratie, explique Lippmann, c’est d’être des « spectateurs » et non des participants actifs.

Toutefois, puisque nous sommes en démocratie, leur rôle ne s’arrête pas là. De temps en temps, on leur accorde la possibilité de dire « c’est celui-ci que nous voulons pour chef » ou bien « c’est celui-là« .

C’est que nous sommes une société démocratique plutôt qu’un État totalitaire. »

Noam ChomskyPropagande, médias et démocratie (Éd. Écosociété, Montréal, p. 23) – 2015 [2004]

 

4 réflexions sur “Une démocratie pour spectateurs

  1. Et si tous les 5 ans on faisait le « ménage » des 2% de cette catégorie de spécialistes auto-programmés. Le troupeau dérouté ne s’apercevrait même pas qu’il a été mal conduit durant ces 5 ans. Et les spécialistes auto-nommés suivant, prendraient un peu plus leur « boulot » avec exactitude.
    Et comme disait certain, « si les élections ne sont pas bonnes, il faut changer le peuple », alors, pour les prochains rendez-vous, le peuple changera les élections, et les « têtes tomberont ». Et ce sera le tirage au sort. Et personne n’échappera à son sort.

    1. Moi aussi, je l’apprécie même si dans certains de ses ouvrages, on sent bien son orientation plutôt gauchiste au lieu de rester dans l’objectivité… comme s’il n’y avait que les partis de droite qui seraient malhonnêtes et adeptes de la propagande !…

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